Petit disclaimer avant de commencer : si vous faites faire de la brain gym à vos élèves, cet article n’est absolument pas là pour vous ridiculiser ou vous faire culpabiliser. J’ai moi-même proposé ce genre d’exercices à mes élèves pendant des années en pensant bien faire. Et j’y voyais des résultats ! Je vous partage simplement une découverte que j’ai faite qui m’a fait remettre en question ma pratique pour proposer quelque chose de plus efficace et fondé scientifiquement. Fin du disclaimer, bonne lecture.
En tant qu’enseignant, vous avez forcément déjà entendu ça dans la bouche d’un collègue ou d’un parent : « M. a de grosses difficultés en maths, il est plutôt littéraire, c’est un cerveau droit ! ».
On trouve sur le net plein de sites qui expliquent la latéralisation des compétences dans le cerveau :
La répartition des fonctions entre les hémisphères gauche et droit du cerveau
Partant de là, on peut rapidement conclure à une prédominance d’un hémisphère sur l’autre, selon les facilités de l’individu. Si vous êtes quelqu’un de créatif, avec une imagination développée, et qu’en plus vous êtes une quiche en maths, vous êtes sûrement cerveau droit. À l’inverse, si vous êtes très rigoureux, que vous faites des sudokus au petit dej’ et que vous êtes mal à l’aise avec le flou artistique, vous êtes probablement cerveau gauche. Et si jamais vous êtes bon en maths et en langues vivantes, vous avez les deux hémisphères équilibrés !
C’est un neuromythe pratique parce qu’il permet de rassurer tout le monde : « Non, tu n’es pas nul, tu es cerveau droit ! ». En tant qu’enseignant, cela peut-être une théorie intéressante à apporter aux parents pour dédramatiser les difficultés de leur enfant dans telle ou telle matière. Et l’avantage, c’est que vous verrez sûrement l’un des parents surenchérir par un : « Ah bah ça ne m’étonnes pas, il est comme son père. ». Tout le monde est rassuré, vous passez pour un érudit et l’élève en question va pouvoir grandir en sachant qu’il est cerveau droit.
Si vous voulez en savoir plus sur ce neuromythe et son manque de fondement scientifique, je vous renvoie vers ce super article. Vous y apprendrez qu’on peut tout à fait vivre avec un seul hémisphère, sans lacunes scolaires. Vous y verrez aussi la preuve spatiale que les compétences n’activent pas qu’un seul hémisphère.
Mais attention ! Avoir un hémisphère prédominant n’est pas une raison pour se laisser aller et abandonner complètement les maths ou l’anglais. Il est en effet possible d’entraîner son cerveau pour réduire ce déséquilibre et reconnecter cerveau gauche et cerveau droit. C’est le miracle de la brain gym.
Mais si, la brain gym ! Vous avez sans doute déjà vu des exemples d’activités sur les réseaux sociaux ou les blogs. Peut-être même que vous en proposez à vos élèves. Il s’agit de courts temps d’entraînement pendant lesquels on demande aux enfants d’effectuer des tâche du genre :
Si vous avez du mal à voir ce dont je parle, voici des exemples en vidéo :
L’objectif est de reconnecter les deux hémisphères et les différentes régions du cerveau en les sollicitant en même temps. La promesse derrière cette brain gym :
Sauf que… Les effets de la brain gym ont été niés par la recherche scientifique. Vous trouverez dans cet autre article passionnant une bibliographie étendue traitant du sujet. Désolée de décevoir ceux qui sont adeptes de la brain gym mais il a été prouvé que quelques minutes d’exercices de coordination sans activité physique n’a aucun effet.
Mais pourtant, en tant qu’enseignante, j’ai remarqué des effets bénéfiques sur mes élèves quand je faisais ces exercices ! Le repérage dans la page, la capacité de concentration accrue, la beauté de l’écriture… J’en proposais même en APC parfois, avant de démarrer l’activité. Ce qui est rassurant, c’est que je ne suis pas la seule. Dès qu’on me parle neurosciences, je suis comme beaucoup, je suis curieuse, et je guette le prochain outil qui me permettra de faire progresser mes élèves.
Sauf que les études sont claires, les pseudos progrès attribués à la brain gym viennent principalement de deux biais : l’effet placebo et l’effet Pygmalion. En résumé, si je propose de la brain gym à mes élèves en comptant sur une amélioration de la concentration ou du geste graphique, je vais être plus attentive et guetter les signes qui vont venir confirmer mes attentes. Lorsque l’amélioration sera visible, au lieu de l’imputer au fait que mes élèves grandissent, que je suis plus détendue en ce moment, ou que j’ai construit une séquence passionnante, je vais attribuer la réussite à la brain gym.
Super, donc maintenant que j’ai cassé les rêves de tout le monde, y compris les miens, on fait quoi ? Et bien on se tourne vers une activité dont les bénéfices ont été au contraire démontrés par la science. Vous me voyez venir ? La pause active !
Vous savez ce que les études ont conclu ? Que la brain gym ne fonctionne pas parce qu’elle ne mobilise pas le corps avec suffisamment d’intensité. L’ingrédient qui manque, c’est l’activité physique !
Alors qu’est-ce qu’on obtient avec une pause active ?
Incroyable non ? L’exercice physique soutenu accélère le rythme cardiaque, ce qui provoque une meilleure circulation du sang et une oxygénation du cerveau. On obtient alors un réel impact sur son fonctionnement. Le corps libère également des hormones :
L’activité physique régule la production d’hormones
10 à 15 minutes d’exercices physiques et vous vous retrouvez devant une classe prête à poursuivre la journée dans la bonne humeur et la concentration. Je sais que cela peut paraître trop long et trop compliqué à caser dans un emploi du temps. C’est beaucoup moins vendeur que 3 minutes de brain gym. Pourtant, il faut voir la pause active comme un investissement sur le long terme. Vous préférez prendre 3 minutes sur le temps de classe pour une activité inutile ? Ou bien vous êtes prêts à y accorder un petit quart d’heure pour être efficace sur la séance suivante ? Cela dépend de vous.
Vous aurez peut-être remarqué que les activités proposées sur ce site ne durent pas 15 minutes. C’est fait exprès. Pour que vos élèves restent attentifs et fassent la pause active sérieusement, je préfère varier les activités proposées. Pour ma part, je commence toujours par un échauffement, comme avant une séance de sport : course sur place, jumping jacks, talon-fesse, j’improvise. Mes élèves mènent l’échauffement au bout d’un moment. On passe ensuite à l’activité : danse ou jeu actif. Je termine toujours par un retour au calme pour diminuer la fréquence cardiaque : yoga, méditation, mandala, etc. Vous arrivez ainsi rapidement à 15 minutes d’activité, dont 10 minutes d’activité physique modérée à intense.
En espérant n’avoir froissé personne, j’espère que cet article vous aura apporté un éclairage nouveau sur la brain gym. Si vous souhaitez essayer la pause active, allez jeter un coup d’œil à la section Banque de ressources de ce site. Vous y trouverez des outils et des activités clé en main pour remplacer la brain gym par des brain breaks qui auront de réels effets sur vos élèves et la qualité de leur concentration.
Sources :
Article Des outils pour apprendre - Cerveau droit / Cerveau gauche
Article Des outils pour apprendre - L'effet de mode de la brain gym
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